L’art de l’échec

Ceci est le texte qui a servi de support à ma conférence dans le cadre du Bobday le 23 janvier 2017 à l’Usine à Belfort.

La chose la plus importante pour moi aujourd’hui est que je me sens vraiment bien dans ma vie, en paix avec moi-même, sereine ! Cela n’a pas toujours été le cas, mais cela vaut tout l’or du monde ! Est-ce que ce n’est pas juste cela finalement la vraie réussite ? Indépendamment de ce que l’on fait et de son statut social, se sentir en paix et serein tout simplement ?
Qu’est-ce qui me permet de ressentir cela aujourd’hui ?
Ce sont plusieurs échecs ! Alors merci à eux !!! Je vais vous expliquer pourquoi !

On va retourner un peu plus de 20 ans en arrière, à l’époque de mes premiers et de plus marquants échecs qui ont amorcé un changement de cap dans ma vie !

Pour vous dresser le tableau, je vais vous donner quelques éléments supplémentaires sur moi :
– j’ai grandi à Montbéliard avec un père qui travaillait chez Peugeot, comme presque tous mes copains et camarades de classes !
– il était cadre mais issu d’un milieu ouvrier, la réussite sociale était importante pour lui
– moi j’étais une très bonne élève mais je n’aimais pas l’école, j’étais souvent stressée, j’avais mal au ventre. Ma réussite scolaire était notamment un moyen d’attirer l’attention de mon père. J’ai suivi ce qu’on présente en France comme la voie royale qui ouvre toutes les portes : une 1ère S et un BAC C. Initialement je voulais travailler dans la parfumerie, alors j’ai fait des études de chimie. Et petit à petit mon projet s’est modifié, j’ai eu envie que les relations humaines aient une place prépondérante dans ma vie, plutôt que des éprouvettes ! Et j’ai été attirée par l’enseignement. Au grand désespoir de mon père qui me rêvait ingénieure, je suis entrée en 1ère année d’IUFM. Et là patatra ! Mon premier échec au niveau scolaire/études : je n’ai pas eu le concours en fin d’année.
– Bon je n’ai pas tout perdu car j’ai rencontré cette année-là le premier petit ami avec qui je me suis installée et qui lui est devenu prof. On avait des tempéraments et des projets à court terme très différents. En cours d’année il a rencontré une prof qui avait justement le même projet de vie que lui.  Je me suis fait larguer comme une vieille chaussette, le jour de la St Valentin en plus ! Et quelques mois plus tard j’ai raté pour la 2ème fois le concours ! C’était la loose totale !!

Je suis rentrée chez mes parents à Montbéliard (Mes parents n’habitaient pas Paris, ni Strasbourg, ni Montpellier, mais cette charmante petite bourgade Peugeot !) le temps de savoir ce que j’allais faire de ma vie ! Je me sentais totalement perdue, angoissée, rien ne se passait comme je voulais !

Comme tout a craqué, à ce moment-là dans ma vie j’ai dû faire une pause dans la course effrénée de ma vie toute tracée d’occidentale. Ces échecs m’ont amenée à commencer à me tourner vers l’intérieur de moi-même : ce que je ressens, ce que je ne veux plus, ce que je veux vraiment. Je ne pouvais pas changer le passé, revenir en arrière pour changer le cours de tout ce qui n’avait pas fonctionné, alors au lieu de ruminer ces échecs j’ai décidé de voir ce qui s’offrait à moi ici et maintenant à Montbéliard !

J’ai alors commencé à faire du théâtre avec le théâtre de l’Unité…Quelque part le théâtre m’a permis de retrouver mon âme d’enfant…De retrouver le plaisir de jouer qu’on oublie quand on est adulte ! Le théâtre est devenu une passion qui ne me quitte plus.

Et puis j’ai commencé à travailler : au service jeunesse d’une mairie puis dans des associations d’éducation populaire et j’ai continué à me former : j’ai passé un BE et un DE. J’ai rencontré en faisant du théâtre, celui qui est devenu plus tard le père de mon fils et avec qui j’ai vécu pendant dix ans. Finalement de cette situation de loose totale, plein de nouvelles et de belles choses qui sont arrivées dans ma vie.

J’ai eu depuis d’autres échecs bien sûrs ! Mais du coup je ne les pas vécu de la même manière, petit à petit j’ai d’ailleurs arrêté d’utiliser le mot échec pour plutôt parler d’une expérience qui ne va pas dans le sens que je veux car cela ne me parait plus négatif ! A chaque fois, derrière ce type d’expérience, je trouve toujours un cadeau dès lors que j’arrête de ruminer ce qui n’a pas marché, que j’arrête de résister à la vie et que j’accepte de lâcher prise pour me plonger dans le moment présent ici et maintenant et voir ce qui s’offre à moi ! Je me dis que parfois on s’aventure sur un chemin qui n’est pas forcément juste pour nous, car ce n’est pas celui qui nous permet d’exprimer pleinement nos talents et de nous sentir vraiment bien. J’ai l’impression qu’à travers les  échecs, c’est comme si la vie venait nous montrer que nous ne sommes pas sur le meilleur chemin pour nous et qu’il est temps de suivre la voie de notre cœur plutôt que celle de notre celle dictée par nos conditionnements familiaux et sociétaux.

En 2012 je me suis découverte une nouvelle passion : le Reiki Usui, une méthode énergétique d’origine japonaise encore méconnue en France par rapport à nos voisins européens. J’ai beaucoup pratiqué en parallèle de mon boulot et cela a pris de plus en plus d’ampleur, puis je me suis formée en tant qu’enseignante. J’ai continué à suivre mon ressenti, cette activité me procure beaucoup de joie et d’enthousiasme, alors j’ai décidé de continuer à me faire confiance et à faire confiance en la vie en quittant mon travail de salarié pour créer mon entreprise : Joyfull et ouvrir mon cabinet et centre de formation à Belfort. A côté pour le plaisir, j’ai adapté et mis en scène le roman Brida de Paolo Coelho au théâtre Michel Dèque.

Avec toutes ces expériences, j’ai l’impression qu’en suivant la voie de mon cœur, ce que je ressens, j’ai de plus en plus de cadeaux ! C’est comme s’il y avait une mine d’or à l’intérieur de moi-même !! Je ressens que les seules limites c’est moi qui me les pose avec toutes mes croyances et mes peurs, mais je peux m’en libérer et réaliser mes rêves ! On est un peu comme ces éléphants qui tout petits n’arrivent pas à rompre la corde à laquelle ils sont attachés par leur dresseur et une fois adultes n’essaient même plus de s’échapper même avec une corde toute mince. Nos croyances nous racontent que nous sommes limités et peuvent peu à petit nous couper les ailes et nous rendre aigris.

Cette mine d’or n’est pas propre à moi-même ou à quelques chanceux ! Je suis intimement persuadée que c’est le propre de chaque individu ! Chacun a un potentiel illimité à partir du moment où il agit à partir de son moi profond (en suivant ses ressentis, ses aspirations profondes, la voie du cœur) plutôt qu’en suivant seulement sa raison qui finalement est dictée par ses conditionnements. Mon métier aujourd’hui c’est accompagner ceux qui le souhaitent pour recontacter cette mine d’or en eux, cela a beaucoup de sens pour moi !

Je suis venue aujourd’hui vous dire : réjouissez-vous de vos échecs ou plutôt de tout ce qui ne marche pas comme vous voulez ! La vie vient peut-être vous inviter à travers cela à lâcher prise et enfin suivre la voie de votre cœur et réaliser vos rêves !?